Wolschwiller
à travers le temps et l’espace
Rédigé en août 2006 par François HERZOG, Conseiller Municipal et Correspondant Défense-Mémoire-Souvenir de la commune de Wolschwiller de 2001 à 2014
I) Topographie
Wolschwiller se situe à 440 m d’altitude au pied de la chaîne du Raemel, dans le bassin d’Oltingue qui s’intercale entre le pli de Ferrette et celui du Landskron. Wolschwiller est, avec Oberlarg, l’un des foyers de formation des orages du Jura Alsacien, d’où la violence des grêles. En juin 1934, il ne fallut que 20 minutes pour faire disparaître les prés et les champs sous une épaisse couche de grêlons. De même en juillet 1969, la presse titre « nuit épouvantable à Wolschwiller » suite à un orage. Le 5 mars 2006, la commune de Wolschwiller et ses alentours étaient recouverts par une épaisse couche de neige d’une bonne soixantaine de centimètres qui mit plusieurs jours à disparaître.
II) Découvertes archéologiques
En 1965, le géologue Fischer signale les traces d’un refuge celtique et de nombreux objets romains à proximité du « Rudlist ».
III) Noms anciens, origine du nom et église paroissiale
Voici quelques anciens noms de Wolschwiller : Wolfeswile en 1231; Wolswile en 1250 ; Wolfveswilr en 1302 ; Wolswilr en 1316 ; Wolfswilr en 1441.
Le nom, de par son suffixe wilr (villae) pourrait être d’origine gallo-romaine. Wolschwiller serait donc dans un sens ancien le « village des loups » (traduction due à son préfixe wolf).
La paroisse de Wolschwiller, fort ancienne, était placée sous le vocable de Saint Euloge en 1509 puis, depuis 1617, sous celui de Saint Maurice. L’église actuelle, construite en 1782, conserve encore une base de clocher roman.
IV) Armoiries
« D’or au sapin de sinople posé sur une terrasse de sable. » Le sapin était déjà l’emblème de Wolschwiller à la fin du XVIIème siècle.
V) Histoire administrative et politique
Wolschwiller, chef-lieu d’une mairie de la seigneurie autrichienne de Ferrette, comprenant Lutter, Raedersdorf, Ligsdorf, Kiffis, Sondersdorf, se situait à la limite des zones d’influence du comte de Ferrette et de l’évêque de Bâle et était, ainsi, l’objet de litige entre les deux. Vers 1232, Frédéric II, comte de Ferrette captura, près de Wittersdorf, Henri de Thoune, évêque de Bâle et le fit renoncer par serment, à toute prétention sur certains domaines en litige. La renonciation épiscopale, obtenue par contrainte, fut annulée par le landgrave Albert IV et le comte de Ferrette fut condamné à la peine de l’ « Harnescar » (porter du Spalentor jusqu’à la cathédrale de Bâle, un chien sur ses épaules) et à la cession de deux domaines : les cours de Wolschwiller (Wolfeswile) et de Dieperswile. En 1233, la cession des cours de Wolfeswile et de Tuirlistorff (Durlinsdorf) devint effective.
Les chartes et inventaires de biens (censiers et terriers) établis en différentes occasions attestent que la commune de Wolschwiller était constituée d’une mosaïque de parcelles réparties entre différents établissements religieux :
- en 1260, échange de terres à Wolschwiller et à Binningen entre le prévôt et le chapitre de la cathédrale de Bâle ;
- en 1274, le couvent de St-Pierre reçoit à Wolschwiller des biens de Jean d’Oelenberg ;
- en 1283, les couvents de St-Pierre et d’Oelenberg échangent des terres à Wolschwiller d’une part, dans la région de Galfingue d’autre part ;
- en 1438, rédaction du règlement de la cour colongère de Wolschwiller. (Cette propriété, qui relevait du prévôt de Bâle, était probablement celle qui avait été cédée par le comte de Ferrette) ;
- Rédaction d’inventaires des biens possédés à Wolschwiller par les couvents de Klingenthal (1549), de St-Alban (1662), de St-Léonard (1662 et 1741) et de l’hôpital de Bâle (1558).
En 1530, Les chevaliers Jean et Sigismond de Reinach détiennent des droits à Wolschwiller (3 réseaux d’épeautre et 3 poules par an), droits signalés dans un autre document de 1605.
En 1555, le roi Ferdinand de Habsbourg inféoda à Simon de Ferrette une cour domaniale située à Wolschwiller, cour qui, en 1620, passera à Jean Adam de Wolschwiller.
D’après l’urbaire de la seigneurie de Ferrette de 1592, Wolschwiller, qui comptait 48 fermes, était placé sous l’autorité du maire du chapitre de l’évêché de Bâle qui encaisse le cens (redevance en argent payée annuellement au seigneur) et administre en lieu et place du maire de la seigneurie de Ferrette siégeant à Raedersdorf.
Durant la guerre de Trente Ans, Wolschwiller a été le centre d’un soulèvement des paysans sundgauviens contre les occupants suédois, l’âme du soulèvement fut Christian Bigenwald, juré de Wolschwiller. Lorsque le 30 janvier 1633, le commandant suédois Erlach donna l’ordre aux habitants de la haute vallée de l’Ill d’exécuter différents travaux au château de Ferrette, de nombreux paysans se réunirent à Wolschwiller, dans l’auberge de Georges Bigenwald, frère de Christian, et prirent la décision de se débarrasser des étrangers par la force. Le maire Hans Stehelin exhorta les paysans à la prudence, mais en vain ; le 1er février, ils pénètrent dans Ferrette et, le lendemain, pillent le château. Cette révolte fut noyée dans le sang à Blotzheim. Les suédois cherchèrent à s’emparer de Hans Stehelin, accusé d’avoir assassiné le commandant Erlach à Ferrette. Hans Stehelin se réfugia à Laufon. En 1636, les habitants de Wolschwiller se réfugièrent en Suisse.
D’après le règlement des usages forestiers de 1688, les habitants de Wolschwiller désirant construire ont droit aux sapins à volonté mais seulement à quatre chênes ; ceux-ci étant rares.
Pendant la Révolution Française :
- la première condamnation à mort prononcée en haute Alsace atteint Jacques Bigenwald (ancien maire) et Sébastien Dietlin (maître d’école). Arrêtés pour avoir assisté à une messe célébrée par le prêtre réfractaire Jean Baptiste Enderlin le 3 décembre 1793 dans la grange du presbytère, ils comparaissent devant le tribunal révolutionnaire et furent guillotinés à Colmar le jour même. Le curé Jean Baptiste Enderlin put s’enfuir et mourut à Metzerlen en 1795. Son neveu Joseph Enderlin, également prêtre réfractaire, continua à exercer clandestinement son ministère dans la région et vécut caché dans une grotte près du « Rudlistfelsen » ;
- un révolutionnaire a arraché dans l’église la grande croix qui se situait dans l’arc à l’entré du Chœur. La croix tomba et ne s’abîma pas, mais le révolutionnaire lui mourut quelques jours plus tard à l’hôpital militaire de Luppach.
Les travaux d’aduction d’eau furent achevés en 1880.
Durant la Guerre 1914-1918, la population de Wolschwiller n’est pas évacuée. La frontière franco-suisse (à l’époque germano-suisse), qui longe la crête de la forêt communale (chemin du Raemel) au Sud du village, est fermée et placée sous la surveillance d’un détachement militaire allemand.
En septembre 1939, la population de Wolschwiller est évacuée dans les Landes, à Mimizan, Pontenx les Forges et St Maurice sur Adour. Le retour s’amorce dès le mois d’août 1940. 23 habitants ont été déportés par les autorités du IIIème Reich, suite au départ de jeunes du village qui ne voulaient pas se faire incorporer de force dans les armées allemandes.